Quantcast
Channel: Organisateurs – Electro-GN
Viewing all articles
Browse latest Browse all 39

Projet photo Homo-GN

$
0
0

Homo-GN : un projet photo autour de l’homosexualité en GN, par Patate et Lapin

L’idée part d’une photo faite pour le plaisir, d’une anecdote de jeu : faire un cliché tous les deux en fixe-chaussettes. Bon, ce n’est certainement pas le fantasme de tout le monde, mais ça nous faisait marrer. Et à la base, cette photo était juste pour nous, et éventuellement faire sourire quelques proches. Et finalement les proches nous disent que l’image est réussie. De là, on prend la grosse tête très vite et on se dit : « mais en fait, on pourrait en faire quelque chose de cette image« .

Oui, mais quoi ?

S’en suit une réflexion, sur le GN, la sexualité en GN, et ce qu’on trouve dans les personnages et dans les jeux. Ensemble, nous constatons rapidement que l’homosexualité masculine est souvent traitée avec beaucoup de distance, parfois avec mauvais goût, condescendance. Voire carrément refusée, soit par les orgas, soit par les joueurs.

Alors l’idée germe petit à petit et peu après, nous prenons contact avec quelques amis, homos, hétéros, bis, peu importe. Nous voulons simplement faire quelques clichés, qui ne sont pas issus de GN mais pourraient tout à fait l’être (d’où les faux titres des photos), et qui mettent en scène au moins une relation homosexuelle masculine*.

 

yaoi1

Photo 1 : Leçons de Spiritisme

Peut-être naïvement, nous nous sommes dit que si des hommes de différentes sexualités acceptaient de poser pour des photos mettant en scène explicitement des relations homosexuelles, ça aiderait probablement des joueurs à se sentir plus à l’aise dans ce genre de personnage (que le deuxième protagoniste soit gay ou non), et également des orgas à envisager des relations plus solaires, moins régulièrement tragiques ou parodiques.

Voici quelques points de réflexion que nous vous invitons à prendre en compte dans vos écritures/incarnations de personnages homosexuels ou bisexuels.

 

Côté organisation :

  • le syndrome ‘cage aux folles’ : vous avez certainement compris ce que nous abordons ici, la caricature de l’homme homosexuel. Cela ne veut pas dire que ça ne doive pas être utilisé en jeu. Mais le cas échéant, cela doit servir un but précis et avoir du sens, autre que celui de moquer une sexualité. En GN nous avons une tendance à la caricature ou à l’archétype pour une raison simple : c’est facile à jouer, tout en prenant aisément de la distance avec le personnage. C’est facile, mais s’il n’y a pas une réflexion par exemple sur la place de ce personnage dans la société, cela devient uniquement insultant pour tout homosexuel. Nous avons trop souvent vu, pour notre part, ce genre de parodie, qui inclut parfois les sexualités « trans » également. Bref, nous vous invitons à envisager vos rôles de personnages homosexuels avec la même profondeur que vos personnages hétérosexuels.

 

yaoi2

Photo 2 : Le Fabuleux Destin d’Amédé Moulin

  • Caster** sans préjugé sur la sexualité : dans un formulaire de pré-inscription, la question « acceptez-vous de jouer un personnage homosexuel ? » pose un véritable problème. Elle signifie, purement et simplement, que l’acceptation de base est que tout joueur qui s’inscrit est hétérosexuel. Oui, avec un peu de mauvaise foi, on peut dire qu’un homo s’y retrouvera aussi et répondra d’autant plus facilement « oui ». Ok. Mais quand est-ce qu’on lui demande, à ce joueur homosexuel, s’il accepte de jouer une relation hétéro ? Une possibilité pourrait être une formulation à choix multiples. De cette manière, l’orga n’a pas à se soucier de la sexualité du joueur, et obtient toutes les infos nécessaires au casting ou à l’écriture des personnages :
    • Je souhaite jouer une relation :
      • homosexuelle
      • hétérosexuelle
      • bisexuelle
      • pansexuelle
      • peu importe
      • je préfère éviter le jeu impliquant une relation amoureuse/sexuelle [oui, parce qu’on a le droit aussi de ne pas avoir envie]
  • La tentation de la relation homo tragique : peut-être plutôt une tendance d’orgas hétéros, il s’agit là d’une volonté souvent de montrer la complexité de jouer un homme homo dans une société et une époque données. Les univers réalistes sont particulièrement propices à ce genre de scénarisation de personnages : par exemple, Hubert aime en secret Geoffrey, ambiance 19e siècle victorien. On devine que ça risque de ne pas être évident, dans ce contexte très sclérosé, de faire de cette relation une histoire solaire. On peut cependant aussi imaginer des relations tout à fait heureuses dans le même univers : relation parfaitement cachée convenant aux 2 protagonistes, relation non avouée mais forcément connue de la société (ex : un riche homme d’affaire et son secrétaire) et acceptée tacitement (ex : la puissance de l’homme d’affaire empêche les autres personnages de prendre le risque de le froisser). Bref, on peut trouver de nombreux subterfuges (et d’exemples historiques) pour permettre une relation homosexuelle véritablement solaire, heureuse et positive.

yaoi4c

Photo 3 : Les Feux de L’Apollon

  • L’homosexualité comme concept de personnage : ici, le personnage est défini par son homosexualité, qui représente l’enjeu majeur du GN à venir pour le ou les joueurs qui les incarnent. Au-delà de l’aspect caricatural du concept, il y a fort à parier que ce soit assez restrictif en termes ludiques, et que les joueurs concernés se sentent moins impliqués dans les autres trames. Il est certainement profitable à tout le monde de veiller à ce que, même si l’intrigue amoureuse est importante pour le personnage, le jeu et l’écriture du back permettent aussi au joueur de s’ouvrir à d’autres types d’intrigues.

Côté joueurs :

  • La peur du regard des autres : socialement, l’homosexualité masculine est très mal acceptée encore aujourd’hui, il suffit de lire un petit lexique d’insultes pour comprendre qu’être gay en France (et pas que) est « honteux ». La plupart d’entre nous avons été élevés, sinon dans cette croyance, au moins dans cet environnement. À nous de nous en affranchir, surtout que là, on fait du GN. En clair : ce n’est pas parce qu’on joue un homosexuel qu’on l’est. Oui, aujourd’hui, on enfonce des portes ouvertes, mais ça semble nécessaire. De la même manière que quand le moi-personnage dit le bénédicité avant un repas de la bonne société victorienne, ça ne fait pas du moi-joueur un bon chrétien, quand le moi-personnage caresse le genou ou passe la main dans les cheveux de son amant, ça ne fait pas du moi-joueur un homosexuel. Fun fact : il en va de même pour les relations hétéros ! (surpriiiiise !)

yaoi3b

Photo 4 : Ecole de magie de Tokyo-Hima

  • La peur du regard du partenaire : quand je joue une relation homosexuelle, je pourrais penser « mais celui qui joue mon amant/mon amoureux, si ça se trouve, il est en train de se faire des idées, et il croit que je le drague pour de vrai« . Fun fact 2 : ici aussi, il en va de même pour les relations hétéros : ce n’est pas parce que l’on est hétéro que l’on est irrésistible pour toute personne de l’autre genre. Pareil, un homme homosexuel n’est pas forcément attiré par tout autre homme. Nous espérons que nous n’apprenons rien à personne.
  • La peur de soi : ben ça, on n’y peut rien. Si vous n’êtes pas assez à l’aise avec votre sexualité, ou la sexualité des autres, passez votre chemin. Soyez clairs, mais bienveillants : « écoute, orga, franchement, je ne suis pas à l’aise avec l’idée de jouer une relation homosexuelle. C’est sans jugement, j’ai juste peur de pas être à la hauteur de ce que le joueur en face attend. » Vous pouvez aussi tenter une approche plus bourrine : « Moi ? Jouer un gros pédé ? Tu déconnes ? Allez vas-y, fais péter le trombi, elles sont où les bonnasses ? ». Dans ce dernier cas, nous sommes à peu près certains que de nombreux orgas, entendant cette réponse, ne vous embêteront plus avec ce genre de rôle. Ni aucun autre.

yaoi3a

Photo 5 : Downton Abbey, maîtres et valets de pied      

Moralité (ou conclusion, ou ce qu’on pourrait retirer de tout ça)

  • refuser de jouer un rôle homosexuel, c’est surtout rater l’opportunité de jouer des scènes de roleplay intenses avec des hommes qui vont vous mettre des étoiles dans les yeux. Homos, hétéros, on s’en fout bien. Ce que nous cherchons en GN est l’intensité des situations, des sensations, des émotions. Tentez des choses, surprenez-vous, surprenez-nous !
  • cet article n’a pas vocation à contraindre ou inciter les orgas à écrire systématiquement des rôles homos ou bi suivant les préconisations ci-dessus. Il s’agit simplement d’essayer de trouver un équilibre qui permette à tous de trouver leur intérêt dans des personnages passionnants.

yaoi3c

Photo 6 : Tant de temps entre nos baisers

 

Notes :

*nous ne nous sommes pas intéressés au sujet de la sexualité féminine, parce que forcément, nous nous sentons moins légitimes. Ce qui ne veut pas dire que le sujet n’est pas à réfléchir, discuter…

**caster : action de sélectionner un joueur pour un rôle donné. De plus en plus de jeux se font sur casting (à ne pas concevoir dans l’acceptation artistique du terme), c’est-à-dire que les organisateurs choisissent quel joueur jouera quel personnage en fonction de critères à leur discrétion (réponses sur formulaires de pré-inscriptions, degré de connaissance du joueur par les orgas, etc.)

 

Crédits :

Toutes les photos sont ©Lapin sauf la première, ©Florian

Merci infiniment à tous les modèles, dans un désordre tout à fait improvisé : Nicolas, Florian, Patate, Lapin, Fa, Thomas, Thierry, Aurélien, Fred, Sly, Mat, Philou, José, Hortense. Merci également à Camille pour son aide.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 39

Trending Articles