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Retour d’un débutant aux GNiales Aquitaines 2014

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Ce bilan fait suite à la conférence que j’ai animée aux GNiales Aquitaine 2014. Je vais donc reprendre en grande partie le contenu que j’y ai présenté mais aussi ce que le débat a pu apporter.

Tout d’abord j’ai eu l’idée de cette conférence après avoir passé une année à chercher et à débuter le GN. En effet, certaines choses m’ont beaucoup plu (la majorité) et certaines m’ont moins plu. D’autant qu’une bonne partie des choses qui me dérangeaient ne semblaient pas affecter les GNistes « expérimentés ». Après en avoir parlé avec un ami qui débute aussi dans le milieu, j’ai décidé de faire le point et de trouver une façon de présenter ça à la communauté GN.

gniales aquitaine

Je vais diviser ce bilan en 4 parties inégales en longueur, désolé :
– Premiers pas dans le GN
– Premier vrai GN
– Analyse
– Apports du débat

Premiers pas

Tout d’abord et avant tout, je suis rôliste depuis une dizaine d’années. Ainsi, comme la plupart des rôlistes sur table, je connaissais le GN de loin. Pour être précis mes seuls contacts avec le GN étaient le rayon dédié dans feu l’Antre des Dragons à Bordeaux ainsi que ce que je qualifie de « Proto-GN » essentiellement le Loup-Garou.

Mais surtout, mon premier vrai contact vient d’un (puis d’autres) GNiste(s), et au fil des discussions, leurs histoires vraiment extraordinaires m’ont convaincu de me pencher un peu plus sur tout ça. Assez rapidement se posent les premiers soucis : où sont les GNistes ? Comment les contacter ? Où trouver de quoi se costumer ? Mais les GNistes que je connais m’opposent des arguments comme « Ne t’en fais pas, on te préviendra ! » ou « On te prêtera du matériel ! Les assos t’en prêterons au pire ». Bon… Mais après plusieurs mois sans opportunité de leur part (alors qu’eux partaient en GN), je continue mes recherches, jusqu’à ce qu’on me propose la Nuit du Huis Clos Occitane (NDHCo).

Pour rappel, c’est une série de murders regroupées sur une nuit organisées par tout un tas d’assos dans un lieu assez sympa (ici, le Collège Eugène Atget à Libourne, qui s’avère être mon collège de jeunesse !). Je participe à « La mort s’habille de blanc », un grand classique (trouvable dans le commerce), grosso modo, une bonne expérience, mais les points qui me dérangent commencent déjà à apparaitre (j’y reviendrai plus tard).

Puis quelques semaines plus tard, l’un de mes amis GNistes me dit de venir aux GNiales Aquitaine 2013 car ça peut être enrichissant. Effectivement, je découvre l’envers du décor (avant d’en voir l’endroit !), beaucoup d’ateliers et conférences intéressantes. Surtout il y a cet accord consensuel comme quoi le GN est un univers « quasi parfait ». Du coup, tout cela achève de me convaincre de m’y mettre sérieusement, malgré aucune ouverture pour les GN estivaux (tous étant complets d’après les gens sur place).

Après l’été, rebelote avec la NDHCo 2013 avec « En attendant la mort » très bonne murder, très bien écrite. Malheureusement, calibrée pour plus de temps que celui imparti (4 heures, il en aurait fallu au moins le double) et je suis assez déçu de ma prestation. Mais le concept reste plaisant !

Enfin, vient le temps de trouver le premier « vrai » GN. De base, je n’ai pas pu compter sur les GNistes autour de moi, c’est un peu par hasard que j’ai réussi à trouver. Il est vrai que j’avais un certain nombre d’exigences :
– Pas de MedFan (pour certains raisons, notamment le trop grand manichéisme de ce genre d’univers et le fait d’en avoir énormément fait en tabletop/jeux vidéos)
– Budget limité : j’avais pour budget 100€ et je ne partais de rien, autant dire qu’il y aurait du boulot
– Je souhaitais faire le GN seul, c’est-à-dire sans mes amis habituels, c’est une démarche discutable, mais je voyais mon premier GN ainsi.

Et donc me voilà parti pour Odyssey 2.0 chez Cent Balles Et Un Mars (CBEUM), un monde cyberpunk et un GN immersif…

G. COEYMANS

Premier « Vrai GN »

L’approche se fait sans souci, les documents sont clairs, intéressants, le budget est respecté. Le seul bémol est que mon personnage me semble assez léger en termes de BG et de description… Par ailleurs un contact par internet se fait avec les gens qui joueront ma « famille » en jeu et le courant passe bien. Tout cela m’indique que je vais passer un excellent long weekend (3 jours de jeu, deux dans la « réalité » et un dans un jeu vidéo).

En soi, le GN est très, TRÈS immersif, le décor est incroyable malgré le peu de budget mis en place. Le Centre d’Animation du Grand Parc est vraiment devenu un quartier miniature de l’Arcologie de Gibraltar, avec ses habitants, ses lieux chics, ses ruelles sordides, ses personnages hauts en couleurs, ses habitudes. Vraiment bluffant.

Mon personnage n’a pas grand-chose à faire, mais cela me convient, et me permet d’apprendre en observant comment les autres jouent, tout en me laissant porter par mon « grand frère » GNiste plus expérimenté. Dès le second jour je joue avec plus d’assurance. Le troisième est différent car dans le jeu vidéo, mon personnage est bien plus puissant et donc a plus de choses à faire.

Analyse

Points Positifs

Pour un premier contact avec l’univers du GN « pur et dur » c’est une réussite ! Pêle-mêle :

– Les gens avec qui j’ai pu brièvement discuter hors-jeu ont été vraiment super ! (j’y reviendrai plus tard)

– En jeu, les rapports se sont faits finalement assez naturellement, même si jouant un personnage plus effacé, ce n’était pas très expansif. J’ai eu quelques scènes RP qui m’ont fait vraiment ressentir des sensations fortes.

– Le système de jeu, contre lequel on m’avait mis en garde, m’a au final assez plu. Je m’explique : il m’avait été rapporté qu’un système par annonce brisait le RP et forçait des rapports peu naturels, avec l’exemple « Imagine, je te dis « Les barbares arrivent ! » alors que c’est faux, tu peux me croire, alors que si je fais « Les barbares arrivent ! Charme-Baratin ! » tu vas pas me croire mais tu vas être obligé d’agir en conséquence ! ». Pour moi c’est un faux problème, qui tient plus du manque de fair-play ou de bon sens. Le système d’annonce vient pallier une faiblesse plutôt que d’être systématique. Je vais prendre l’exemple de ce qui m’est arrivé en GN : mon personnage avait des objets illégaux sur lui, et lorsque je suis retourné à notre « planque » histoire de chiller un peu, j’étais dans ma tête, sorti du jeu, même si en théorie j’y étais toujours. Puis les forces spéciales ont débarqué dans l’optique de me piéger… Un peu désorienté car je ne m’y attendais pas, et je n’étais plus du tout dans le truc ! J’ai sorti un simple « charme-ami, je suis sûr qu’on peut s’arranger ! » histoire de simplement gagner du temps car je ne savais pas quoi faire. Au final, cela a permis de calmer la situation. C’est le seul moment où je me suis servi de ce genre d’annonce, car quand il s’est agi de mentir, j’ai menti sans me servir de mes capacités ! Cela peut paraître un peu long pour une simple anecdote, mais c’était une des choses qui me perturbait pas mal avant d’y être confronté.

– Mais les points négatifs commencent de plus en plus à être apparents …

Points Négatifs

Ces points apparaissent plutôt sur l’ensemble de la communauté GN et des GNistes en général plutôt que sur des personnes ou des joueurs. Il m’a paru important de revenir dessus plutôt que sur les points positifs qui font consensus.

– Tout d’abord, il convient de revenir sur une phrase que j’ai entendue sous toutes ses variantes en discutant avec des GNistes : « Le GN c’est accessible à tous ! » et ses corollaires « t’en fais pas, on te prêtera du matériel s’il faut », etc. ….
o C’est à relativiser grandement, quand on a un budget serré (étudiant, chômeur, …) et qu’on manque de contacts, c’est plus compliqué, mieux vaut penser à faire des économies.
o La communauté GN a beau être très fière d’elle-même (à raison !) elle est incroyablement discrète, plus dure à trouver qu’un lutin nain en pleine forêt des Ardennes ! Le seul moyen de la rencontrer est de connaître un GNiste et que celui-ci se révèle. La communication externe est quasiment nulle, donc le GN n’est accessible qu’à celui suffisamment persévérant pour trouver à jouer. On attire donc peu de néophytes ou de curieux. Mais cela peut s’expliquer par la complexité et l’investissement que nécessitent ce genre de jeux (d’où l’intérêt de démarches telles que la Nuit du Huis Clos !)
o Conséquence du point précédent : se faire prêter du matériel n’est réellement possible que sur place en fonction de ce qui est disponible, quasiment. Admettons que j’ai eu besoin d’une armure et que je n’aie pas les moyens d’investir, je n’aurai simplement pas pu jouer.
o Cependant, il est vrai qu’une fois ces problèmes contournés, il n’y a pas d’autres pré-requis pour démarrer !

– Autre point « noir » que je tiens à soulever, l’encadrement des débutants :
o Lorsqu’on commence à jouer, on est très facilement perdu, car on n’a pas les « automatismes » du joueur confirmé (surtout lorsqu’on ne connait personne). Trouver quoi faire ou à qui parler peut être une vraie galère. De plus, on se sent vite laissé « en plan » par les orgas, qui ont d’autres choses à gérer (normal). Si, comme moi, on est un peu réservé, le départ peut être un peu laborieux.
o A mon sens, ce qu’il faudrait faire (ce sont des pistes de réflexions que j’ai élaborées, la partie « débat » en apportera d’autres) :

– Des ateliers de pré-GN, pour en avoir testé aux GNiales 2013. C’est, je pense, un des meilleurs moyens d’intégrer les joueurs, de leur faire vivre quelque chose qui brise la glace la veille ou juste avant (les jeux présentés l’an dernier, ou une simple partie de Loup-Garou peut suffire). Une des oppositions que j’ai entendue à ce sujet, qui m’a laissé comme on dit « comme deux ronds de flan» est la suivante : « Nan, mais ça sert à rien de faire des trucs comme ça, ça prend du temps, et puis de toute façon quand j’arrive à un GN je connais déjà 75% des gens ! donc ça sert à rien »… Ça me choque un peu comme réflexion, car du coup, quid des 25% des gens que tu ne connais pas ? Et s’il y a dans le lot, des débutants qui sont timides ? Ou même des gens formidables avec qui tu pourrais devenir pote ? Tout ça pour dire que, de mon point de vue de débutant, c’est plus qu’une bonne idée de mettre ça en œuvre.

– Avoir un orga dédié aux débutants : je ne dis pas qu’il faille qu’un orga ne fasse QUE s’occuper des débutants, mais qu’il leur serve de référent, afin que le débutant puisse se fixer sur une seule personne pour l’aider, une personne qui sera capable soit d’avoir des activités à faire faire au néophyte soit sera capable de croiser les demandes de débutant pour améliorer le déroulement de la partie. Ainsi, les autres orgas n’auront pas à gérer les débutants et leurs questions parfois… incongrues.

– Quelque chose qui me parait élémentaire aussi, avant le début du GN : penser à prendre quelques minutes pour présenter tout le monde à tout le monde, penser aussi à démarquer un peu les débutants afin que les nouveaux connaissent un peu les gens avec qui ils jouent. De plus, les joueurs confirmés sauront qui sont les débutants et pourront plus spontanément les intégrer à leurs actions.

– Corollaire du point précédent : Après l’encadrement, l’intégration :
o « Le GN c’est une grande famille ! », J’ai envie de répondre à cela : oui, mais… ! À titre individuel, le contact entre joueurs est possible et facile (après tout, on a au moins un point commun !) de même à grande échelle (au sens de la communauté en son ensemble). En revanche l’échelon intermédiaire pose un souci : plusieurs fois, après un GN ou une murder, je me suis retrouvé sans personne avec qui débriefer individuellement, cela peut paraître un peu « pleurnichard » mais ça manque un peu. Après, c’est une dynamique que l’on retrouve dans tout groupe social, pas forcément typique du GN mais qui, du coup, ne le différencie pas d’un autre groupe social.
o Les contacts en jeu ne posent aucun souci vu que c’est de personnage à personnage.
o Enfin, hors-jeu et hors contexte de GN, c’est là que j’ai été épaté : on est considéré comme totalement intégré. Des gens avec qui j’ai peu interagi mais que j’ai recroisé plus tard dans des contextes totalement différents se sont comportés comme de vieilles connaissances !

– Enfin dernier point à améliorer, et non des moindres : la communication et la visibilité. C’est peut-être le plus gros souci par rapport aux débutants :
o Les associations sont peu visibles de l’extérieur, comme évoqué plus haut.
o Du coup les informations filtrent très peu vers l’extérieur (malgré parfois le soutien de municipalités ou de structures publiques).
o Le fonctionnement par bouche à oreille/invitation est logiquement un énorme frein à l’intégration de nouveaux joueurs (tout comme – dans une certaine mesure – le « premier inscrit premier servi », car le débutant aura très probablement l’information en retard), mais il est aussi un moyen de garder un certain « niveau de jeu » dans l’association.
o La maîtrise des outils « 2.0 », là, je vais me faire des amis, mais les assos étant souvent gérées par des gens peu familiers aux nouvelles technologies, le fonctionnement par forum/groupes (facebook) est assez mal optimisé quand il n’est pas carrément inadapté. Certaines assos ont la totale : page et groupe facebook, forum, site, mailing list… Mais pourtant ne relaient pas les infos sur tous les médias, ce qui fatalement rend inutile l’intérêt d’avoir autant de plates-formes de contact. N’hésitez pas à prendre de jeunes adhérents pour s’occuper de tout ça ou à lire des ouvrages sur le sujet ! Il est toujours utile de se doter d’une sorte de « community manager » !
o Cependant, comme je l’ai dit, je peux comprendre que ça soit une volonté de garder le GN « privé » et ainsi de s’assurer de n’avoir que des joueurs « sérieux » (c’est un autre débat) mais je suis là pour parler des débutants !

le coeur d'une meĚre

Synthèse

Clairement, le GN est un monde à part, une sous-culture d’une sous-culture (celle des rôlistes). C’est aussi un levier très puissant. Je m’explique : vous connaissez beaucoup de milieux « underground » capable de réunir autant de gens, de matériel et de costumes dans un seul endroit ? Et sans que personne d’autre ne le sache ? Sans parler que le GN est vecteur d’émotions et de moments très forts ! (que ça soit l’assaut d’un château à 80 contre 80 en plein monde MedFan ou trouver une boite de sardines à l’huile en plein GN post-apo/survivaliste). Cependant, le GN gagne à prendre en ampleur pour proposer de plus en plus de choses, et surtout il gagne à s’assumer.

Mon avis, globalement, est que le GN est un milieu extra et que je rempile dès que l’occasion se présente ! Malgré les critiques formulées plus haut, ne vous y trompez pas, si je devais mettre une note à mon expérience (ce que je n’aime pas faire, car c’est un peu réducteur) je mettrai 17/20, si il n’y avait eu que du positif ça serai monté à 19. Mon regard est forcément biaisé par mon inexpérience (et le vôtre biaisé par votre expérience) et va être amené à changer, du coup, je vous dis rendez-vous dans quelques années !

Pistes de réflexion

Au cours de la préparation de cette intervention, j’ai dû me limiter dans les réflexions que j’ai présentées, aussi je vais lister quelques questions ouvertes qui devraient aider le débat à suivre et proposer des réflexions toujours utiles.
o Comment créer et utiliser de l’enjeu ? (Pourquoi avoir peur vu qu’on ne va pas mourir ? Pourquoi ne pas dépenser mon argent vu qu’à la fin du jeu ça vaudra plus rien ?). Du coup, quid de la mort ?
o Quel système de jeu adopter ?
o Qu’est-ce qu’un GNiste ? À partir de quand est-on GNiste ?
o Comment gérer l’alcool ? (j’ai vu ou entendu des trucs incroyables à ce sujet !)
o Que faire des relations amoureuses/sexe en GN ?

Débat

L’intervention que j’ai préparée avait justement pour but de faire réagir et de créer le débat. Ça n’a pas loupé et un débat animé a eu lieu en suivant. Je ne peux bien sûr pas décrire tout ce qui s’est passé, mais je vais essayer de synthétiser :

– Encadrement-intégration des nouveaux :
o D’autres solutions existent déjà, notamment des binômes nouveau-ancien, ou des initiatives individuelles notamment.
o L’idée de l’orga délégué aux nouveaux a plutôt plu.
o Tout simplement, faire confiance aux débutants et leur proposer des rôles consistants.
o Globalement le souci semblait un peu sous-estimé par les gens présents, et une sorte de prise de conscience a semblé avoir eu lieu.

– Visibilité-communication :
o Globalement, il y effectivement un aveu de manque de compétences à ce sujet et un sentiment de « mais on a toujours fait comme ça ! »
o Surtout chez les assos « jeunes » ce problème est plus maitrisé mais dans celles plus « classiques » cela peut être un obstacle à l’arrivée de nouveaux.

– Autres :
o L’alcool en GN est effectivement une préoccupation, certaines personnes le gérant mal (sans parler du coût que cela peut occasionner) mais il y a une sorte de « liste noire » non officielle des gens infréquentables une fois ivres.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé les gens présents très réceptifs au thème des nouveaux, avec un vrai débat de fond et des choses à dire sur le sujet. Une des choses qui m’a choqué c’est que pas mal de participants avouent avoir vécu le même genre d’expériences… Il y a 15-20 ans ! Et que désormais qu’ils sont expérimentés et à la tête d’associations, tout cela continue de poser souci ! J’espère que ma modeste intervention pourra aider les futurs débutants à vivre non pas quelque chose de très bien, mais quelque chose d’excellent !

Enfin, merci à ceux qui sont venus me soutenir à la fin de l’intervention et qui m’ont motivé à publier ce rapport, même si c’est avec plusieurs mois de retard j’espère que ça vous a plu ! À bientôt sur les terrains ! Et surtout un grand merci à Cédric et son équipe, pour que ce genre de rencontres existe et fasse avancer les choses !

Note de la rédaction : Cette conférence a inspiré un article en réponse sur les différentes façons d’accueillir les débutants, que vous pouvez trouver ici.


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